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La coopérative se consolide et ne lâchera rien

mercredi 1er avril 2020
La coopérative se consolide et ne lâchera rien

Après d’importants travaux de projection de la coopérative à 10 ans en 2018-2019 (« L’Atelier Paysan Demain »), la stratégie de l’Atelier Paysan a commencé à se déployer en 2019 pour entreprendre un important virage. L’occasion de réaffirmer la radicalité de son projet politique, au moment même où une crise inédite démontre, si besoin était, les limites d’un système global broie et méprise l’humanité dont il se nourrit. Quel impact sur la vie de la coopérative ?


Ci-dessus : quelques un·e·s des sociétaires présentes lors la dernière journée commune de mars 2020 (plus d’infos ci-dessous)


Renforcer la coopérative pour essaimer

Après un rapide et intense développement depuis 2014, notre coopérative d’intérêt collectif a fait le constat de ses limites : le modèle d’intervention initial, notamment basé sur l’itinérance de ses ateliers, ne permettait plus de répondre, dans des conditions humaines raisonnables, aux nombreuses sollicitations qui affluaient tout en garantissant la stabilité de la structure. L’année 2018 a permis d’étudier un nouveau modèle de développement basé sur l’essaimage : l’ancrage territorial de l’Atelier Paysan passera par des forces vives locales, de formes variées, comme c’est déjà le cas ! Association dédiée, collectif organisé, organisme de développement agricole engagé, artisan·e·s… De nombreuses formes sont encore à imaginer !
Pour cela, et sans remettre en cause ses missions centrales de R&D, de formation des paysans et paysannes, de diffusion et d’animation, et plus largement de tête de réseau nationale des technologies paysannes, l’Atelier Paysan se donne les moyens d’accompagner ces dynamiques locales et de devenir la plate-forme de soutien pédagogique, politique, logistique, des technologies paysannes à l’échelle nationale, voire au-delà quand nous en trouvons les ressources. De nombreuses transformations sont d’ores et déjà à l’œuvre [1], qui nécessitent une coopérative renforcée !


Des sociétaires plus nombreux et nombreuses

Dès mai 2019, l’Assemblée Générale a acté l’élargissement du sociétariat qui avait été volontairement limité sous la barre des 99 sociétaires afin de rester sous statut SCIC SARL. Il s’agit de répondre à de nombreux enjeux : co-portage politique, implication bénévole, renforcement des fonds propres… mais aussi meilleure représentation des forces en présence dans la coopérative. Ainsi, de nouvelles catégories d’associé·e·s ont été créées : la catégorie citoyen-ne-s afin d’accueillir des personnes physiques et morales militantes (mais non paysannes), ainsi que la catégorie recherche et explorations sociales, pour des sociétaires qualifiés dans leurs domaines, issus du monde scientifique ou non.
Avec aujourd’hui près de 120 sociétaires, personnes morales ou physiques, le statut de notre coopérative évoluera donc, dans un délai de 2 ans, vers une SCIC SA, à directoire et conseil de surveillance : les conséquences ne seront pas qu’administratives car cela nous donne l’occasion de penser collectivement la capacité des sociétaires à contribuer à un pilotage politique ascendant, issu de la richesse de notre assemblée générale. Dans le rigoureux respect de ce qui nous réunit depuis le début : un projet politique qui guide une mission d’intérêt général dans un strict but non lucratif.

Des sociétaires formé·e·s et engagé·e·s

La dernière Assemblée générale, mi-décembre dans la Drôme, était couplée à une journée de séminaire « Se mobiliser pour une recherche sur la politique de la machine agricole ». Ouverte aux partenaires de la coopérative et à ses sociétaires, cette journée permit les premiers échanges de fond avec des chercheurs et chercheuses en histoire et en sociologie rassemblés au sein du projet POLMA. Ce programme de recherche sur la POLitique de la Machine Agricole, suivi par l’Atelier Paysan dans le cadre d’un dispositif de recherche participative financé par la Fondation de France (médiation par la coopérative l’Atelier des Jours à Venir), étudie la place du machinisme dans les politiques publiques depuis l’après-guerre, la construction de ses marchés et son impact sur l’organisation et les choix agronomiques dans les fermes françaises. La journée a permis de confronter les premières observations et hypothèses de travail de certains chercheurs à l’expérience de terrain des paysan.ne.s présent.e.s, sur certains des axes de ce vaste programme de recherche. Nous réfléchissons à proposer un rendez-vous similaire lors de la prochaine Assemblée générale, fin juin.

L’assemblée générale de mi-décembre 2020 :

Plus récemment : en février, nous étions réunis entre sociétaires pendant deux jours pour phosphorer sur la perspective de fonctionnement en directoire à conseil de surveillance. Ce sont des travaux en cours, il s’agit de temps long (voir ci dessous).

Et en mars, nous avons organisé la première journée de formation sur l’histoire et les perspectives de notre coopérative à destination de nos sociétaires. L’objectif était double : une appropriation de l’histoire et des principes du mouvement coopératif et une connaissance partagée du cheminement effectué par l’Atelier Paysan depuis sa création jusqu’aux réflexions sur son évolution en cours.
Une vingtaine de sociétaires ont traversé le pays pour une bien chouette journée à nous inscrire dans deux siècles d’utopie coopérative, à penser notre place dans le capitalisme et la transformation sociale.
Ce fut une première, et ce succès nous conforte dans la nécessité de proposer cette formation politique d’accueil des nouveaux chaque année, pour nous doter d’une culture commune de notre singulière coopérative, mieux connaître les humains qui la composent, faciliter l’implication de chacun-e, sortir de l’engagement par le sacrifice, prendre du plaisir à avancer ensemble !

Une manière de composer ensemble en pleine pédagogie de chantier !

On l’a dit : depuis l’AG de décembre le compte à rebours est lancé ! La coopérative a deux ans pour accéder à un nouveau statut, qui vient entre autres consolider la structuration interne de la circulation du pouvoir. En particulier en conférant au futur conseil de surveillance des prérogatives élargies de contrôle de la pertinence des stratégies opérationnelles mises en place pour réaliser notre projet politique, collectif. Être membre d’un conseil de surveillance ne se décrète pas, nous sommes parfaitement conscients de l’extrême difficulté à l’engagement dans nos structures (exigeantes) de nos jours : éloignement, gestion de plus en plus technique, effondrement de la population paysanne, recul généralisé de la culture d’organisation collective... et de l’effort d’accompagnement à fournir : nous nous dotons progressivement des moyens pour le faire.
Un défi relevé, pris à bras le corps ! Il s’agit de saisir cette opportunité pour renforcer notre démocratie interne, l’implication de nos sociétaires et l’affirmation de notre projet politique radical.



[1] La stratégie de développement et d’essaimage de l’Atelier paysan passe par inventer de nouvelles formes d’interventions, moins individuelles et moins dépendantes des fonds de formation (en disparition), par exemple par démultiplier des formats collectifs dits "résidences"
Mais aussi par notre engagement à ne plus attendre l’éclosion spontanée des futurs essaims (ce qui arrive, comme Farming Soul ou Étincelles paysannes mais à former directement nos futurs collègues, via des formations longues, certifiantes puis diplômantes.
A l’appui de cette stratégie, la Maison des technologies paysannes dans le Morbihan (voir ici, ici et ici.
A terme, nous visons à établir en Isère un Centre national de formation.
Également pour "doper" ces émergences et les consolider, nous proposons depuis 2019 des rencontres publiques régulières partout dans le pays afin de rencontrer les citoyen-nes et de susciter leur mobilisation locale, ainsi que des formations paysannes plus "politiques" pour ne pas essaimer que la solution technique alternative, mais bien notre projet politique dans son ensemble.