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L’Atelier Paysan à Nyéléni : pour une souveraineté technologique !

vendredi 4 novembre 2016
L’Atelier Paysan à Nyéléni : pour une souveraineté technologique !

Nous faisions partie d’une riche délégation française au forum Nyéléni Europe sur la Souveraineté alimentaire. L’occasion pour l’Atelier Paysan de diffuser sa démarche et de soulever la question de l’outil de production agricole.

Le mouvement Nyéléni Europe 2016 a rassemblé du 25 au 30 octobre 2016, plus de 700 délégués d’un peu partout en Europe, des agriculteurs-trices, des pêcheurs-euses, des éleveurs-euses, des peuples autochtones, des consommateurs-trices, des ONG, des syndicats, des organisations de protection de l’environnement, de développement, de recherche et de défense des droits humains, des mouvements pour l’alimentation de proximité et bien d’autres encore, dans le but d’améliorer les initiatives existantes en matière de souveraineté alimentaire et renforcer l’action au niveau local, national, régional et international. Tout ce monde était invité à échanger en ateliers pour améliorer les initiatives existantes en matière de Souveraineté Alimentaire et renforcer l’action au niveau local, national, régional et international.

L’Atelier Paysan (Nicolas Sinoir, Julien Reynier et Anne Kerdranvat) faisait partie de la délégation française composée de la Confédération Paysanne, la FNCIVAM, le MIRAMAP, FIAN France, CCFD, EAPN, AGter, Nature&Progrès, Terre de Liens, les Amis de la conf, la ligne d’Horizon...

Nous avions dans l’idée de prendre part à l’effort collectif en soulevant nos questions récurrentes, sur l’innovation paysanne collective et les machines appropriées, toujours pertinentes et peu explorées par ailleurs. Cette envie d’échanges élargis s’inscrivait dans la continuité des contacts entamés en 2015 en Angleterre (Farm Hack UK et le Land Worker Alliance) et à l’occasion d’un forum bruxellois sur l’agroécologie organisé par ECVC, et à l’été 2016 en Allemagne à l’occasion d’un événement organisé par la Gartencoop (à ce jour seul sociétaire de l’Atelier Paysan hors de l’hexagone !). Bref, du foisonnement, des échanges, et une contribution par notre lorgnette aux thématiques associées à la souveraineté alimentaire.

Comme socle de nos contributions, nous avons apporté au forum une exposition de nos travaux traduite en anglais par Sylvie (une paysanne franco-anglaise qui cultive en Angleterre), avec plus de 30 planches explicatives sur les outils agricoles que nous développons collectivement et les inventions en architecture documentées de fermes en fermes (à la réalisation,Lucas Liette, service civique en architecture).

Même convaincus de la valeur intrinsèque des travaux mis en beauté par cette exposition, nous avons quand même été surpris de l’ampleur de l’engouement autour de ces travaux : interrogations constantes, reprise de ces questions dans divers ateliers,... l’introduction était posée, et nécessaire.
On pense avoir eu autant de succès que le stand slovaque voisin, axé poitrine de porc et fromages fumés d’excellente facture (une stratégie alternative de communication convaincante...).

Au programme chaque matin, une assemblée plénière, avec un système épatant de traduction en plus de 10 langues.
L’association Coati est à marquer dans nos rencontres les plus inspirantes, ces bénévoles du langage qui autonomisent les mouvements comme Nyéléni pour permettre des luttes internationales font un travail remarquable.
Comme pour les RNDA, ces assemblées étaient propices à potasser les notions de souveraineté alimentaire, à la fois grâce aux différentes interventions et à la documentation fournies sur place.

L’après-midi se répartissait ensuite en groupes de travail pour approfondir des thématiques :

  • Agroécologie : modèles de production alimentaire et de consommation
  • Distribution alimentaire
  • Droit aux ressources naturelles et aux communs
  • Travail et conditions sociales dans les systèmes agricoles et alimentaires
    Tout ça envisagé à différentes échelles : local, national, européen et global

Pour être honnête, les premiers jours ont un peu patiné. Comme souvent en présence d’une telle hétérogénéité de niveaux de connaissance, de compétences et d’information. Il aura fallu d’abord un apport d’expertise, qui n’était que trop peu souvent mis en avant (sur la PAC, sur l’agroécologie, sur la formation,...). Et l’emploi de méthodologies plus claires et mieux suivies pour s’éviter un simple échange d’envies, trop souvent superficielles. Mais au bout de quelques jours, les thématiques de travail sont devenues moins généralistes, plus spécifiques, les échanges plus concrets.

Nous avons pu en effet mobiliser plusieurs structures au niveau européen pour travailler sur les questions de réappropriation et de diffusion de savoirs paysans autour de l’outil de ferme.
La démarche sur ces thématiques : porter un témoignage de structure, de fonctionnement et de financement dans un contexte français (ressources, mobilisation paysanne), pour que les autres structures intéressées puissent étudier comment transférer l’initiative dans leurs contextes nationaux forcément différent. En bref, un fonctionnement "agroécologique" dans nos échanges, ou comment éviter de projeter un schéma qui fonctionne dans un contexte sans interroger les conditions dans lesquelles l’exporter.

Des basques (le peuple hein !), des wallons, des anglais, des roumains sont intéressés par nos travaux et souhaitent les réutiliser. Nous sommes aussi cordialement invités à San Sebastian... dans 10 jours, ce qui rend difficile notre participation, mais nos planches (pour partie) y seront ! Les discussions vont désormais se prolonger dans le cadre de la mise en place d’un réseau européen sur les formations en agroécologie, et la possibilité de formaliser ce réseau avec le programme Erasmus+ ou RUR10.

Et pour revenir sur notre exposition, elle doit aujourd’hui être partagée entre les anglais du Land Workers Alliance, les roumains d’Ecoruralis, les basques de Bizkaia, sans compter les quelques morceaux qui ont disparu... pendant la semaine. Quand on essaime, on ne compte pas !

Pour souligner un point en particulier, nous avons réussi à être porteurs d’une prise de conscience que la souveraineté alimentaire ne se fera pas sans une souveraineté technologique !

Plus largement, la délégation française a pris conscience de son statut de groupe pendant une semaine d’échanges matinaux et de travail de groupes : une dynamique est née, avec des échanges très fructueux pour la suite de notre mise en réseau, notamment sur les campagnes "Agriculture et Alimentation" de la confédération paysanne ou encore autour du manifeste "pour une agroécologie paysanne".

Avant tout espace de discussion prétexte entre structures européennes et délégations nationales pour mieux se connaitre, se repérer, envisager des suites, le Forum Nyéléni ne nous a pas semblé suffisant et adapté pour faire émerger des idées nouvelles, des positionnement politiques clairs et tranchés.

Conclusions :
Au delà de notre participation à cette réflexion collective un peu frustrante au final, on retiendra surtout :

  • nos échanges européens renforcés, une convergence des luttes internationales qu’on voit se concrétiser
  • la naissance d’un groupe en France, personnes autant que structures, sur la question de la souveraineté alimentaire
  • que l’Atelier Paysan a véritablement fait émerger une question politique nouvelle autour de l’outil de ferme (machines et bâtiments), et que notre énergie et nos propositions sont reconnues, au niveau d’INPACT, et aujourd’hui auprès de la Confédération Paysanne, et que les graines semées vont germer en Europe

Autrement, voici un article d’un journal Suisse sur Nyéléni : lecourrier.ch

Bonne copieuse lecture à tous,
Nicolas, Julien et Anne