Accueil > Actualités > Des pratiques viticoles pour un sol plus vivant

Des pratiques viticoles pour un sol plus vivant

lundi 20 octobre 2025
Des pratiques viticoles pour un sol plus vivant

Octobre 2025 - L’ADAF organisait pour ses 10 ans une fête avec un programme riche en activités. C’était l’occasion de découvrir ou d’approfondir les pratiques agroécologiques et d’agroforesterie que l’association promeut et accompagne sur son territoire d’action (Drôme et départements limitrophes). Elle accompagne notamment des viticulteurs, qui expérimentent la plantation d’arbres au sein de leurs parcelles. Pour eux, c’est un levier parmi d’autres, pour améliorer leurs pratiques, les rendre plus résilientes face aux changements climatiques constatés de manière criante ces dernières années. Parmi ces pratiques, celle des couverts végétaux.

C’est donc naturellement que l’ADAF s’est associée au projet VIREG, dont la naissance s’est forgée autour de la conception d’outils viticoles issus du recyclage et des pratiques de couvert végétal.

Pour la fête de ses 10 ans, un atelier était justement dédié aux pratiques explorées et aux outils en développement qui y sont liés. Environ 45 personnes, viticulteurs – dont un bon groupe venu du Beaujolais, conseillers et étudiants, s’est retrouvé de bon matin sur une parcelle du domaine Lattard à Autichamp (26) pour découvrir les travaux en cours.

Denis Lattard, s’il ne participe pas lui-même aux travaux dans VIREG, n’en est pas moins bricoleur et autoconstructeur et c’est après une présentation de ses activités agricoles diversifiées (grands cultures, viticulture, élevage de lapins) et plus spécifiquement de sa conduite des vignes que le tour d’horizon des travaux en cours a débuté :

• Dans le Diois, un groupe de quatre viticulteurs travaille sur des cadres extensibles, supports de différents accessoires de travail du sol du cavaillon. Ils espèrent mettre au point une solution efficace pour entretenir le sol le moins enherbé possible, en combinant disques émotteurs et étoiles de boudibinage, et un support modulable en largeur permettant de faciliter les passages d’une vigne à l’autre. Les constructions doivent s’achever en octobre pour les premiers tests qui se poursuivront en 2026.

• Dans le Sud de la Drôme, un GIEE (groupement d’intérêt économique et environnemental), dénommé Graines de Vignes, explore des solutions pour compléter les bénéfices des couverts végétaux que pratiquent déjà ses membres, en inoculant leurs sols avec des microorganismes issus de vermicompost. Mais au préalable, il est nécessaire de mieux faire circuler l’air en profondeur dans le sol pour offrir aux microorganismes les conditions idéales de leur multiplication. C’est pourquoi le groupe d’une petite dizaine de viticulteurs teste actuellement une plaque munie de dents, qui permet, au bout d’un bras de mini-pelle, de perforer verticalement le sol près des ceps, avant l’épandage de thés de vermicompost oxygéné. Tout cela se mène à petite échelle, dans un cadre expérimental, et les outils d’extension seront à imaginer lorsque les premiers résultats le justifieront.

• Côté Ardéchois, des viticulteurs du Nord du département font face comme dans d’autres vignobles aux contraintes de parcelles en dévers, dont le travail du cavaillon a tendance à faire descendre la terre, au détriment des hauts de parcelles qui se voient érodées. Éliminer le travail du sol au niveau du cavaillon motive les viticulteurs, et pour se faire, il serait très pertinent d’y installer un couvert végétal pérenne, à condition qu’il ne se développe pas trop haut et qu’il ne concurrence pas la vigne. Voici le groupe parti dans une exploration tout à la fois agronomique (tester des espèces végétales semées, pour l’instant différents trèfles) et technique car il leur manque les outils pour semer sous le rang et rappuyer correctement le semis. Le rendez-vous à Autichamp a donné l’occasion aux viticulteurs du groupe de montrer une première version en test d’un module de semis latéral avec rappui, installé sur un semoir à engrais verts du commerce.

JPEG - 5.7 Mio
Semoir modifié avec descente latérale des graines et système de rappui à l’essai.

Les démonstrations enrichies des témoignages des viticulteurs présents et les nombreux échanges qu’ont suscité ces travaux sont le fruit de l’investissement, pour l’occasion, d’un collectif d’acteurs : ADAF, Agribiodrôme et l’Atelier Paysan.

Le tour d’horizon n’était cependant que Rhône-Alpin alors que le financement du projet VIREG par FranceAgriMer est plus large géographiquement (également en Occitanie et en Alsace). Des viticulteurs, accompagnés par des partenaires locaux, travaillent dans l’Aude à la conception d’une faucheuse de couverts végétaux réglable en largeur issue du recyclage d’une écimeuse. Le groupe alsacien s’investit dans la création d’un outil permettant de freiner la croissance des couverts végétaux ou enherbements spontanés, sans les tuer complètement, là encore en réutilisant un cadre disponible.

Pendant l’hiver, ces outils seront finalisés pour être testés au champ en 2026 et nous ne manquerons pas d’évoquer l’avancement des travaux.

JPEG - 7 Mio
La charrue décavaillonneuse autoconstruite de D. Lattard.