CA VIENT DE TOMBER : une tribune contre la création d’une cellule militaire pour surveiller et réprimer les opposant-es à l’agro-industrie
mercredi 15 janvier 2020
Bon, ce n’est pas totalement une surprise, mais ça secoue tout de même. Depuis quelque temps nous , structures de la grande famille de l’agro-écologie paysanne, observons avec circonspection la montée médiatique et l’utilisation partisane du concept ambigu « d’ agribashing ».
Celui-ci n’est pas totalement inopérant. Il procède d’une certaine réalité : en effet une partie de la population citadine se coupe des réalités paysannes, la distance de compréhension se creuse, à l’instar de l’engouement pour le véganisme. De même, le fait est que les conséquences (écologiques, sociales, économiques, qualitatives) des politiques agro-indutrielles depuis 60 ans ne peuvent en aucun cas procéder de la responsabilité individuelle de chaque agriculteur-ice. Il s’agit bien de la responsabilité de la société toute entière et de la logique industrielle en particulier. Il s’agit de ne pas confondre les victimes et les bourreaux d’une dynamique systémique, et non morale (« les gentils contre les méchants »).
Mais, dans cette période tendue où les positions de polarisent, il était évident que ce concept d’agribashing, forgé il y a de nombreuses années par les tenants de l’agriculture productiviste, chimique et exportatrice, reviendrait nourrir les agendas politiques de la direction de la FNSEA et du gouvernement. La FNSEA avait ouvert le feu aux élections des Chambres de l’agriculture l’an passé, le gouvernement se dévoile aujourd’hui par cette convention signée mi-décembre entre le ministère de l’Intérieur et la FNSEA. L’idée étant de criminaliser toute contestation, toute remise en cause du modèle agricole et alimentaire dominant, par la création d’une cellule spéciale de la gendarmerie, afin de s’attaquer aux « actions de nature idéologique, qu’il s’agisse de simples actions symboliques de dénigrement du milieu agricole ou d’actions dures ayant des répercussions matérielles ou physiques » (dixit M. Castaner)
La ficelle est grosse et ancienne : au prétexte d’un imbécile (il y en aura toujours…) qui s’attaquerait physiquement à un agriculteur, faire subir aux milliers de citoyen-nes éclairé-es (et pacifiques) du fichage, de la répression, du bâillonnement.
En total soutien avec les signataires, l’Atelier paysan vous relaie aujourd’hui cette tribune salutaire publiée aujourd’hui.
Merci de la diffuser, pour refuser ensemble l’arbitraire et la société policière, et continuer d’exiger l’abandon de ce modèle agricole et alimentaire mortifère.