Accueil > Actualités > [Vidéos] Toutes les conférences des Rencontres 2017

[Vidéos] Toutes les conférences des Rencontres 2017

vendredi 9 juin 2017
[Vidéos] Toutes les conférences des Rencontres 2017

Ces 6 conférences s’inscrivent dans le cadre d’une réflexion plus globale portée par le Pôle InPACT National autour de la Souveraineté technique des paysans, d’un Commun agricole et alimentaire.

Elles prolongent les réflexions entamées avec le plaidoyer InPACT pour une souveraineté technologique des paysans publié en novembre 2016 et le séminaire sur ces thématiques organisé à AgroParisTech le 5 avril 2017.

InPACT est l’association nationale réunissant 10 organisations de développement agricole qui accompagnent les agriculteurs à faire des pas de côté en agriculture et inventer un autre rapport au monde rural, une autre manière de l’habiter, de s’y inscrire, pour l’envisager comme un Commun.

Jean Philippe Valla : 100% autonome en énergie à la ferme ? Rêves, réalités, limites

Jean Philippe Valla est maraîcher éleveur dans le Trièves. Ancien prof de techno, il réfléchit constamment sur sa ferme à la fabrication et à l’utilisation optimale de l’énergie. Il est l’auteur d’un Guide sur le fonctionnement et la construction d’une petite installation Biogaz à la ferme.
Jean Philippe a pu exposer sa démarche de tâtonnement, de doute, de bricolage autour de solutions techniques lui permettant d’aller vers une autonomie énergétique. Il essaie chaque fois qu’il le peut de mettre en garde contre les solutions qui paraissent miraculeuses et faciles. S’il est évidemment en recherche de simplicité, il prévient ceux qui veulent aller vers l’autonomie qu’il sera nécessaire d’être dans l’effort, d’adopter une posture attentive, méticuleuse, scrupuleuse et critique.
Au final, chercher l’autonomie c’est aussi souvent se compliquer la vie, à l’inverse des prétentions de l’industrie des biens de consommation, qui vend confort et bonheur moderne à coup de slogan du type : « Rien, c’est la meilleure chose qui puisse vous arriver ». Si vous voulez creuser, regardez cette publicité pour une voiture automatique (http://www.culturepub.fr/videos/volkswagen-rien/).


Pierre Bitoun : Le Sacrifice des paysans, une catastrophe sociale et anthropologique

Pierre Bitoun est coauteur avec Yves Dupond d’un livre revenant sur la disparition organisée de la paysannerie, d’une culture, d’un monde, qui ne correspondait pas aux visions géostratégiques, économiques et aux projets de gouvernement des individus mis en œuvre par l’Etat depuis l’après-guerre. Les paysans étaient incompatibles avec l’essor de l’industrie et des cultures de vie qui en découlent. L’agriculture paysanne devait se mettre en conformité, et pour cela être colonisée puis remplacée puis l’agro-industrie, le productivisme.
Face à cette dynamique implacable, Pierre Bitoun souligne les résistances portées notamment par la Confédération Paysanne. S’il salue les dynamiques actuelles d’installation de néo-ruraux, il en appelle à retrouver le sens collectif de la critique et donc à réinvestir les lieux de pouvoir, pour ne pas s’en tenir à des (r)évolutions personnelles et individuelles, mais à construire un changement collectif, qui passe aussi par les institutions.


Yannick Ogor : La gestion par les normes, dernière étape de l’industrialisation de l’agriculture

Yannick Ogor est maraîcher éleveur dans le Finistère, ancien animateur de la Confédération Paysanne Bretagne. Il dénonce « l’aveuglement de la gauche paysanne » face à la stratégie des administrations pour faire disparaitre les agriculteurs au travers de techniques de gestion par les normes. Cet aveuglement est dû pour lui à la participation des syndicats alternatifs à la cogestion. Il constate que s’intégrer dans les institutions, accepter la co-gestion induit régulièrement un arrêt soudain des luttes. Il plaide alors pour retrouver de la conflictualité.
La gauche paysanne n’a pas su voir comment s’est organisée la transformation de l’agriculture en industrie de pointe, où les prix agricoles ont été maitrisés pour libérer le revenu des ménages au profit des industries de confort matériel. Seule une élite agricole, mécanisée, augmentant sa productivité a pu bénéficier de ce contexte. Puis les revenus agricoles sont devenus de moins en moins important face aux aides et subventions.
Aujourd’hui, ce sont les normes qui continuent le travail d’écrémage de la population agricole, normes d’abattage, calibrage, traçabilité… Aucune force sociale n’est aujourd’hui capable de contrecarrer cette inflation normative.


Denis Gaboriau : Une comparaison entre 2 systèmes, "intensive-conventionnelle" / "autonome-économe"

Une comparaison chiffrée entre un système intensif en intrants et un système autonome et économe, qui permet de rentrer très concrètement dans ce qu’on décrit Pierre Bitoun et Yannick Ogor dans leurs conférences. On y voit que les logiques d’investissement ne sont pas les mêmes. Il s’agit d’un côté d’augmenter la productivité du travail, alors que de l’autre il s’agit d’améliorer la productivité à l’hectare. Cette analyse de la performance des systèmes et des aspects économiques permet de démonter les discours sur l’efficacité réelle des modèles capitalistiques dominants.


Christophe Bonneuil et Céline Pessis : Industrialisation du vivant, déqualification et reconquêtes paysannes depuis 1900

L’industrialisation du vivant en agriculture date du XIXeme siècle, siècle positiviste, résolument confiant dans les techno-sciences et les promesses de maitrise qu’elles comportaient. On retrouve la première intervention de biologiste sur les levures de bières pour les standardiser et uniformiser les produits. Les deux historiens conférenciers nous lisent des citations de chercheurs de l’époque et l’on comprend mieux les mentalités et les valeurs de l’époque.
Le développement des colonies a également été moteur de premiers essais de mécanisation, dont les logiques seront ensuite rapatriées en métropole.
Face à ce mouvement, des organisations néoluddites tentent de développer une autre technique. C’est le mouvement de l’agriculture biologique avec son autre rapport au sol et au vivant. C’est le mouvement des semences paysannes, qui refuse la simplification et le contrôle génétique par les industries. C’est enfin l’Atelier Paysan et son travail sur la souveraineté technologique des paysans, qui permet de s’autonomiser en se réappropriant collectivement des savoirs autour de l’outil de travail des fermes.


Jean Louis Cannelle : État des lieux et perspectives du matériel utilisé en énergie animale

Envisager le matériel en traction animale et la contribution de son histoire et de ses turpitudes à notre réflexion sur la souveraineté technologique des paysans, tel était l’objectif de cette intervention. En effet, l’avènement du tracteur a marqué un virage dans les économies globales de nos pays industrialisés, pas seulement dans le secteur agricole mais pour l’ensemble des secteurs. La recherche sur les machines à traction animale s’est arrêtée au moment où les premiers tracteurs sont apparus. Cette révolution a été conduite et financée par des choix politiques, pour une orientation sociétale.
Au regard des enjeux actuels de raréfaction des ressources et de l’intérêt de l’énergie animale et de la compétence associée pour une réponse au moins partielle à ces questions, il apparaît aujourd’hui nécessaire et possible de revenir sur ce qui relève d’un verrouillage technique progressif : Qu’en est il aujourd’hui des outils de traction animale ? Quelle est leur possible évolution ? Quels sont les possibles en terme de partage de technologies entre les paysans du monde ?