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Genre et agriculture : le rôle des usagères

L’Atelier paysan a présenté les travaux menées au sein de la MCDR UsageR•E•s lors des Rencontres nationales femmes en agriculture et milieu rural du Réseau Civam.

Journées femmes en agriculture Civam
Le 4 et 5 octobre dernier, Réseau Civam organisait des rencontres nationales à Vieillevigne (44) sur le thème « Quel équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle » suivi d’une journée ouverte au grand public intitulée « Femmes en ferme ». Le succès de cet évènement, qui a attiré une soixantaine d’agricultrices engagées dans des groupes mobilisés sur la thématique du genre (formations non-mixtes, groupes d’échange et de parole, projet de recherche-action, documentaires…) et centaine de particpants et participantes, témoignent de l’importance du sujet dans le réseau et au-delà.

Répartition genrée des tâches et inégalités sociales
C’est dans le cadre de ces rencontres que l’Atelier paysan est intervenu pour présenter ses réflexions et actions sur le sujet, notamment dans le cadre de la MCDR UsageR•E•s. Comme l’explique Morgane Laurent, animatrice nationale de l’Atelier paysan, les inégalités sociales liées au genre et à la répartition genrée des tâches sont aussi présentes dans le monde agricole et notamment en matière d’équipement agricole.

«  S’il existe une sphère associée par excellence au masculin en matière agricole, c’est bien le machinisme avec du travail du métal, grosses machines, bricolage : des activités « de bonhomme » où les femmes n’ont bien souvent pas leur place. Résultat, nous nous retrouvons avec du matériel pensé par des hommes, pour des hommes (taille, poids, équipements de sécurité parfois non-disponibles….)  », précise-t-elle.

Cette problématique est également présente dans le fonctionnement et les actions des structures d’accompagnement comme l’Atelier paysan. Il y a par exemple d’avantage d’hommes dans les formations et presque pas de femmes dans les démarches d’accompagnement en recherche et développement.

Faire avec et par les femmes
Pour l’Atelier paysan, il est nécessaire et possible de déconstruire ces stéréotypes et cette répartition et de faire évoluer ces rapports de genre vers plus d’égalité, notamment pour rendre les accompagnements accessibles à tous et toutes. « Les femmes jouent un rôle clef dans ce changement et doivent en être au cœur. Qui mieux que des femmes peuvent adapter leur matériel à leurs besoins ? Cela rejoint la démarche d’innovation par les usagers et usagères promu par l’Atelier paysan et dans le projet MCDR. Il ne s’agit pas juste de « faire pour » mais de « faire avec et par » les femmes », précise Morgane Laurent.

Les partenaires de la MCDR UsageR•E•s, dans un axe intitulé « Paysannes : faire soi-même pour ajuster son outils de travail », souhaitent améliorer ou construire des accompagnements pour favoriser l’autonomie des paysannes en combinant la réflexion technique de l’Atelier paysan et les méthodes et outils déjà mis en œuvre par des groupes locaux, notamment des Civam. Cela pourrait se concrétiser par l’organisation de formations non-mixtes, de résidences à la ferme ou encore par le recensement d’innovations paysannes réalisées par des femmes et/ou pensées pour des femmes… Tout reste à construire et penser en fonction des envies et besoins des groupes qui se montreront intéressés.

Un projet de recherche participative
Dans un autre axe de la MCDR, les partenaires construisent avec l’Atelier des jours à venir un projet de recherche autour de la question de l’innovation par les usages, du genre et du machinisme. L’objectif de ce travail serait d’identifier les conditions, moyens et buts conditionnant la participation des femmes agricultrices à l’évolution de l’équipement agricole pour leur ferme. Parmi les conditions pourraient par exemple être étudiés la forme statutaire de l’exploitation, le type de gérance, le parcours antérieur, les valeurs, la relation à la technique, les représentations… Un travail sur le long terme qui nécessite d’abord d’identifier les connaissances académiques existantes en lien avec cette thématique, des terrains à mobiliser, des chercheurs et chercheuses intéressé-e-s par la question et des financements.