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Live at Château : "Bidouille agricole, crème de l’underground et vignerons d’exception"

vendredi 20 mai 2016
Live at Château :

Le 18 juin, la Ferme de Saint Laurent accueille le festival qui réunit rock, dégustations de vins et cause paysanne.

Le festival Live at Château est une initiative unique en son genre. Il regroupe Wine&Noise (éditeurs du blog du même nom, organisateurs de concerts et de dégustations de vins) et L’Atelier Paysan, coopérative d’agriculteurs lassés de se faire botter le train par les lobbies de l’agroalimentaire et engagés dans la réappropriation de savoirs paysans et l’autonomisation de l’agriculture biologique.
Live at Château propose le 18 juin prochain une journée de concerts, de dégustations et de sensibilisation à la cause paysanne à l’ère du XXIème siècle.

Récit et explication de cette démarche par Pier Larbor, créateur de Wine&Noise et sommelier indocile à l’oreille fine.

> Tribune parue sur le site The Drone

On sait depuis les années 50 que la musique est un secteur non productif : il est impossible d’y réaliser des gains de productivité. L’exécution d’un concerto pour quatuor à cordes nécessite 4 musiciens. Tandis que parallèlement les secteurs productifs, comme l’agriculture qui te refile chaque jour ton kebab et ta 8.6, réalisent d’importants gains de productivité et permettent la mise en marché toujours plus abondante et moins couteuse de biens de consommation. Quand pour monter ton groupe de cold wave il te faut forcément un clavier et un bassiste, pour labourer 1 ha il faut aujourd’hui moins de 55 minutes.

Ces deux secteurs magiques, produisant des biens indispensables à notre plaisir (bouffe, boissons et spectacles vivants) sont donc confrontés à deux logiques contraires : obligation de produire plus avec moins pour l’un ; impossibilité de produire plus avec rien de moins pour l’autre. C’est chaud de mettre le doigt sur la précarité des musiciens et des paysans.

Cette révolution dans le secteur de la bouffe est en partie liée au développement des grosses machines agricoles, celle qui font la joie des forums et forgent toute une identité culturelle. Phénomène explicite, depuis 2005, les acquisitions de machines agricoles dans les exploitations françaises augmente plus vite que la SAU (Surface Agricole Utile = la surface de terres utilisées pour remplir ton frigo. Moins les importations bien sûr, je parle pas de tes capsules Nespresso, allez si t’en prends 5 par jours tu immobilises 3 ou 4 caféiers en Asie ou en Colombie). Il y a un graphique dans ce doc porno qui le montre bien.

Ça veut dire qu’il y a de plus en plus de machines sur les terres agricoles. Ne va pas croire à une logique économique ou technique. Une ferme ultramécanisée n’est pas forcément plus performante, les subventions à l’équipement ne sont pas dénuées de lobbying. La légende dit même que les très tendances Hinds (biches) ont dû changer leur nom à cause de John. Elles s’appelaient Deer (cerf).

Et pendant ce temps-là, on se touche la nouille avec des filières courtes ou des ruches qui disent oui. Le web va sauver la bouffe. Les bénévoles vont distribuer avec leurs mains innocentes des paniers tombés du ciel. La manne, tu sais, la poudre au goût de miel dans le désert du Sinaï. Sauf qu’il nous faut plus que des sites web pour pas foncer dans un mur qui montre quelques limites naturelles et sociales. Il nous faut un truc un peu radical. Un peu fun aussi. Il nous faut des Merzbow agricoles. Derrière la reconfiguration des machines, et du concept de production de musique, c’est l’homme qui est remis au centre. Merzbow fait du Merzbow, c’est aussi incontestable qu’inécoutable. Ogre de production, il illustre bien la dimension politique de la technique : pourquoi la technique, au service de quelle musique ? C’est un vieux truc de médiéval, avec la distinction entre le technè ou la praxis qui concerne la fabrication matérielle en tant que telle et l’épistémè qui s’intéresse à la partie noble du savoir, celle du pourquoi. Toute technologie est politique.

C’est le taf de l’ombre qu’ont initié depuis quelques années des groupes de paysans qui reconfigurent des vieilles machines, les améliorent et les adaptent à leurs sols. Ces gars se sont regroupés au sein de l’Atelier Paysan, fournissant une interface opérationnelle entre DIY et besoin de pas crever la bouche ouverte. Ils s’intéressent au pourquoi de la technique, avant d’en découvrir le comment et de s’amuser à maitriser la pratique. Ils combinent une fine connaissance agronomique à une pratique ludique de la soudure et de la meuleuse. Ils deviennent les Einstürzende Neubauten des champs. Pour nourrir tous ces vegan, il fallait bien repenser toute la production. En silence. Discrètement. Silence is sexy.

Pour le bien de l’humanité, ils ont décidé d’organiser trois jours de formations, initiations et festivités à cette nouvelle forme d’activisme agricole. Professionnels et grands publics sont invités à venir pratiquer la conversion au triangle d’attelage. Tu viens ? Ouais, sauf que tout le monde n’est pas forcément branché herse et cover-crop. Heureusement, la team Wine&Noise s’est greffée au grand bricolage pour y rajouter une touche sonore et quelques cuves à vider. Au milieu d’une splendide ferme bourguignonne à faire trembler plus d’un quatari, une bonne dizaine de groupes issus de la crème underground joueront dans 7 sites tout conforts : dans des clapiers, des bâtiments d’élevage, au bord d’étangs et de lavoirs ou sur des plateformes de chantiers. Une poignée de vignerons d’exception veilleront à ton hydratation. On a même prévu pour l’amour du geste une perf soudure et Black Metal. Ce n’est pas juste un détournement, c’est un retournement.

Pier Larbor

Live At Château se tiendra le 18 juin 2016 à la Ferme de Saint Laurent à Château, 71250 (à quelques minutes de Mâcon, à 1 H de Lyon), concerts à partir de 14H.
> Toute la programmation : https://www.facebook.com/latelier.paysan/
> Pour acheter vos places (10€), inscrivez-vous sur ulule.

Comment venir en Bourgogne ?

Plus d’infos : http://www.domaine-saint-laurent.fr/
Accès Train : Gares TGV de Mâcon (des navettes régulières ensuite pour aller jusqu’à Cluny)
Accès voiture : A une heure au nord de Lyon, à 20 mn de Mâcon.
Lien covoiturage : http://www.roulezmalin.com/evenements/covoiturages/rencontres-2016-de-l-039-atelier-paysan

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