POP4

POP4

Le POP4 est un Porte Outils Polyvalent à 4 roues mu par deux chevaux, il a été développé par l’Atelier Paysan en partenariat avec un groupe de maraîchers dont certains sont membres de l’association Hippotese (qui promeut et étudie la traction animale dans plusieurs domaines, dont l’agriculture). Cet outil est conçu pour des exploitations de petites surface, avec l’objectif d’y remplacer le tracteur.

CLIQUEZ POUR TÉLÉCHARGER LES DERNIÈRES VERSIONS DES PLANS


Contexte

Vincent Bastard et Nicolas Koziel sont installés en maraîchage diversifié et plantes aromatiques sur une superficie de 3 hectares, en traction animale, dans la Drôme près de Valence. Ils font notamment partie du groupe qui fut à l’initiative du projet du Néo-Bucher.

En 2017 ils décident de modifier l’intégralité de leurs parcelles pour passer d’un mode de culture de "plein champs" à celui des "planches permanentes". Hors ce choix de mode de culture conditionne également les machines utilisées. En effet le Néo-Bucher, bineuse de précision à 2 roues tiré par un cheval, ne permet pas de travailler de façon correcte sur les planches permanentes et cela pour 2 raisons :

  • Dans le cas de la culture en plein champs le cheval marche dans l’allée et l’outil agit sur les rangs de chaque coté de l’allée. Cependant dans le cas des planches permanentes le cheval se retrouve à devoir marcher sur la butte. Et l’outil n’est pas assez grand (et demanderait trop de puissance si il l’était) pour pouvoir agir sur les 2 buttes de chaque coté du passe pied.
  • Le meneur du Néo Bucher marche dans l’alignement du cheval et donc également sur la planche de culture. Donc même dans le cas où l’on adapte 2 chevaux sur le Néo-Bucher la manœuvre en champ est complexe et l’action de binage est moins efficace car le sol est tassé par le meneur. De plus l’outil nécessite 2 personnes pour être manœuvré : une pour le guidage des chevaux et une pour la manœuvre de l’outil.

Une conclusion s’impose alors : le Néo-Bucher n’est pas adapté. L’idée émerge donc de concevoir un nouvel outil pensé pour le travail en planche permanente : le POP4. Cette nouvelle conception s’oriente vers un châssis à 4 roues, tiré par 2 chevaux avec un conducteur assis à l’arrière guidant l’outil de ces pieds. De plus cela permet de remettre sur le tapis une problématique très présente en traction animale : le besoin d’un tracteur en complément des chevaux.

Les bases du projet sont donc posées : 4 roues , 2 chevaux, travail sur planche, possibilité de travail du sol et précision pour le binage, un groupe principalement drômois se forme autour de ce nouveau projet : en tout une dizaine de personnes.



Caractéristique techniques

Donc, 6 mois plus tard après de nombreuses réunion du groupe de travail (composé des maraîchers, d’un formateur et d’un ingénieur stagiaire à l’Atelier Paysan), et différent jalons de conceptions, une première version de prototypage voie le jour, qui est réalisé à la ferme des Volonteux (Beaumont lès Valence) , par 6 maraîchers (dont 4 de la région) et deux ingénieurs-formateurs de l’Atelier Paysan.

Le premier essai du POP4 en vidéo :


Cette version est dotée :

  • d’un système de direction par câble et pédale : agissant sur les roues avant et permettant de faciliter les manœuvres.
  • de roues folles arrières verrouillable : permet de tourner court en bout de champ et néanmoins d’avancer droit pendant le travail en plein champ.
    et d’une bascule arrière pour rester solidaire du sol sur des terrains accidentés.

  • de timon inclinable et réglable : permet de s’adapter a plusieurs types de poneys.
  • de palonniers détachables : pour le transport et le rangement.

  • d’un relevage sur glissière permettant une réactivité accrue de manœuvre sur la barre de binage : la glissière est commandé par pédale, couplé aux roues avant. Cela permet une absence de retard entre l’action du maraîcher sur les pédales et le mouvement de l’outil en travail.

Cliquez ici pour découvrir quelques détails de l’outil en photos :

Le relevage et le porte-outils :

L’avant de l’outil (palonniers, timon, direction, motopompe...) :

Le poste de commande (pédales de direction à câbles, hydraulique...) :

Suite à cette semaine de prototypage le premier POP4 est né, bien qu’encore très largement améliorable les résultats de ce premier jet sont fortement encourageant.


Pistes d’amélioration :

  • Simplification du système hydraulique et questionnement sur la pertinence de la chandelle
  • Relevage entièrement mécanique par levier
  • Pouvoir séparer l’action sur la glissière du relevage et sur les roues en cas de travail du sol à moyenne profondeur.
  • Allègement global

Témoignage :

Paul Jarreau (AP) : Peux tu te présenter brièvement ?

Thomas Peyre : Je suis salarié agricole et en parallèle je cherche une ferme pour m’installer paysan en polyculture-élevage avec transformation.
Je souhaite travailler avec des animaux pour les cultures et fourrages

J’ai appris l’agriculture dans les fermes comme stagiaire, bénévole ou salarié depuis 2009, puis formations en 2014 et 2016.
Je connais Vincent et Nico depuis 2015 et je passe leur rendre visite sur la ferme en ami quand je suis dans la région.
De fin mai à fin novembre de cette année je suis devenu salarié saisonnier de la ferme.

PJ : Comment as tu entendu parler de l’Atelier Paysan et du projet POP4 ?

TP : J’ai entendu parler de l’Atelier Paysan en 2012, dans des discutions de maraîchers dans le Nord-Pas-de-Calais intéressé par ce qui ce passait en région RA. Puis en 2015, via l’ARDEAR Rhône-Alpes, un groupe s’est constitué pour auto-construire une Brosse à Blé avec l’Atelier Paysan. J’ai participé, un peu de loin, à quelques réunions R&D puis j’ai participé à la formation de construction de mars 2018.

Pour le POP4 : c’est Vincent qui m’a dit, il y a un peu plus d’un an, que l’Atelier Paysan était prêt à accompagner la construction d’un porte outil en traction animale, même si au début on ne savait pas combien de personne allais être intéressé. Depuis 2015 on parlais de cette machine ! et les rebondissements ont conduits à décider de l’auto-construire.

PJ : Qu’est ce qui t’a poussé a rejoindre ce projet ?

TP : L’envie de participer à un projet collectif ; J’avais envie de participer de prêt à la R&D de cette machine : on a discuté plusieurs fois des possibilités qu’on voudrait pour cette machine et de mon côté je m’y intéresse pour les cultures en rotation dans les céréales. à l’automne 2017, on a écrit les bribes du cahier des charges initial avec Vincent et Nico.

J’aime bien réfléchir la conception de machines à la fois sur le papier et en faisant de mes mains. Dans ma phase de réflexion à l’installation, ça fait du bien de m’atteler à du concret.
C’était aussi l’opportunité de continuer d’apprendre des trucs en construction, mécanique et puis à plusieurs on brasse des idées, des connaissances et des techniques.

PJ : Comment s’est déroulé la partie R&D participative, et peux tu dire ce que tu as apporté et ce que cela t’a apporté ?

TP : Quelques réunions, beaucoup d’échanges par mail et téléphone de mai à novembre.

J’ai essayé d’apporter :
Les connaissances que j’ai en traction animale, agriculture et mécanique.
Du temps pour la recherche de fournisseurs de certaines pièces.
Faire le lien : synthétiser-transmettre les infos et réflexions entre l’Atelier Paysan et Vincent-Nico pendant la période estivale, où le temps à consacrer au projet de ces derniers était limité.

Ça m’a apporté : travailler à plusieurs, travailler à distance, trouver ma place dans un groupe, apprendre des trucs en mécanique ou construction, rencontrer et discuter avec de nouvelles personnes.

PJ : Le prototypage a donc eu lieu la semaine du au 23 novembre, comment cela s’est il déroulé : des difficultés particulières ?

TP : La construction c’est bien déroulé, on est forcément tombé sur des anomalies non détectées sur plan, qui ont entrainé des modifications ; mais relativement peu, on avait déjà réussi à en éliminé un bon paquets en amont.
Il y a certaines étapes ou pièces de la constructions qui mériteront plus de vigilance pour limiter les problèmes/corrections sur les prochaines machines
(cintrages dus aux soudures, parallélisme-alignement des roues, équerrages).

Une difficulté majeur sur ce prototype : l’utilisation de technologies qu’on ne maitrise pas encore au sein des participants et de l’Atelier Paysan : l’hydraulique, pour les freins et vérins.

PJ : Le POP4 n’as pas encore été testé en plein champs des idées de modification future suite à cette semaine de construction intensive ?

TP : Au fur et à mesure qu’on tourne autour de cette machine pour la finir et faire des corrections, on a des idées d’amélioration sur des détails ou sur des moyens techniques qui permettraient plus de confort et d’ergonomie à l’utilisation ou plus de simplicité à la construction.
On s’aperçoit aussi des petites anomalies qui pourraient dans des cas précis poser des problèmes ou des usures prématurés.

Exemples :

  • réfléchir à une version tout mécanique :
    (à base de : vis, manivelles, reports et bras de levier pour le 3e point et chandelle ; treuil et/ou bras de levier, report jusqu’au meneur par chaine et pédalier de vélo pour le relevage)
  • glissière sur galets pour la correction de la barre porte outil et trajectoire.

Détails :

  • mieux protéger de la pluie les fusées des roues arrières.
  • verrouiller les fusées avant pour ne pas les perdre en cas de terrage forcé.
  • tôle fine à souder pour boucher les triangles (diagonales de renforcement du châssis au niveau du pédalier) pour contenir les pieds et empêcher les semelles des chaussures de se poser sur la diagonale et bloquer le mouvement.

Partenaire :

hippotese

DOCUMENTS A TÉLÉCHARGER

  • PDF 3D (pdf - 1,6 Mo) de la version utilisé pour le prototypage puis mis à jour en intégrant certaines modification effectué pendant le stage de prototypage :
    Cliquez ici pour télécharger le pdf 3D
  • Pour lire les PDF 3D, qui permettent de visualiser les outils en 3 dimensions, mais aussi de mesurer, faire des coupes, voire l’arborescence des pièces : Tutoriel utilisation des PDF 3D

SOUTIENS

Ces travaux bénéficient du soutien financier de l’Europe et du Réseau Rural National, par le biais de la Mobilisation Collective pour le Développement Rural coordonnée par l’Atelier Paysan sur "L’innovation par les Usages, un moteur pour l’agroécologie et les dynamiques rurales" (2015-2018), ainsi que sur "L’innovation par les UsageR·E·s, un moteur pour l’agroécologie et les dynamiques rurales" (2018-2021). Plus d’infos à ce lien.

LICENCE LIBRE

L’ensemble de cet article, des explications, des photos et des plans livrés sont accessibles à tous. Ils sont diffusables et modifiables à condition que vous mentionniez la paternité de l’œuvre (L’Atelier Paysan), et que vous apposiez sur tout document reprenant ces éléments la même licence utilisée par nos soins, à savoir la Creative Commons BY NC SA.

CONTRIBUTIONS


  • Walt Bernard, pour son soutien depuis les États-Unis sur la R&D

Groupe de R&D :

  • Mickael Deschamps
  • Ivan
  • Thomas Peyre
  • Vincent Bastard
  • Nicolas Koziel
  • Deny Fady
  • Jeremy Fady
  • Sylvain Berry
  • Remy Léger
  • Nina Passicot
  • Gilles Bernigaud