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L’Atelier Paysan

Atelier Paysan

L’Atelier Paysan est une coopérative (SCIC SA). Nous accompagnons les agriculteurs et agricultrices dans la conception et la fabrication de machines et de bâtiments adaptés à une agroécologie paysanne. En remobilisant les producteurs et productrices sur les choix techniques autour de l’outil de travail des fermes, nous retrouvons collectivement une souveraineté technique, une autonomie par la réappropriation des savoirs et des savoir-faire.

Nous nous sommes dotés en 2011 d’une structure adéquate, un temps sous statut associatif (ADABio Autoconstruction), qui puisse réunir ce qu’il faut d’expertise pour valoriser des inventions fermières, co-développer avec des groupes de pratique agricole de nouvelles solutions techniques adaptées, et rendre accessibles ces connaissances par des documents didactiques papiers ou numériques et des formations à l’autoconstruction.

Nos salarié-e-s sont basé-e-s en Rhône-Alpes, et sur une antenne dans le Grand Ouest. L’acquisition de deux camions transportant machines, matériaux et consommables nécessaires à l’autoconstruction, nous permet aujourd’hui de conduire des chantiers d’autoconstruction en atelier ou « de fermes en fermes ». Partout où la demande s’exprime, nous souhaitons que l’Atelier Paysan puisse accompagner les agriculteurs et les agricultrices de toutes les filières de production, dans leurs cheminements et leurs tâtonnements, individuels et collectifs, autour des agroéquipements adaptés aux pratiques techniques et culturales de l’agriculture biologique.

L’outil de travail adapté et l’autoconstruction accompagnée sont des leviers techniques, économiques et culturels jusque-là peu explorés par le développement agricole. Ils ont pourtant un impact décisif pour faciliter les démarches d’installation, de conversion et de progrès agronomiques en AB.

LA TECHNIQUE, UN ENJEU DE POUVOIR

La conception des choix techniques en agriculture par l’agro-industrie et leur diffusion monopolisée par certains organismes de développement agricole est un processus complexe. Ce processus risque de nous survivre tant que les agriculteur-trice-s qui utilisent ces options techniques pensées en amont, ne seront pas pleinement associés à leur élaboration.
Le collectif de l’Atelier Paysan souhaite ici et maintenant avoir prise sur ces choix techniques. Nous partons du principe que les paysans sont assez bien placés pour répondre de manière pertinente aux défis du développement agricole : les agriculteur-trice-s innovent par eux-mêmes sur leurs fermes. Mieux ! En groupe, en réseau ou avec l’appui d’un animateur technique, ces derniers savent élaborer collectivement des réponses adaptées. Nous portons l’idée que les choix techniques doivent être faits avec/par/pour les agriculteurs, et plus globalement, que la Technique doit être investie collectivement pour se mettre au service de ceux qui l’utilisent. Nous mesurons toute l’importance des réseaux socio-techniques de producteurs, à la fois dans la production et le partage de savoirs.

RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT PAYSANNE

Partie spontanément la moins visible de notre démarche par rapport à nos formations autoconstruction, l’Atelier Paysan dépense pas mal d’énergie à produire des biens communs ouverts et collaboratifs, en fait des agroéquipements adaptés accessibles à tous.

Initiatives individuelles et collectives

Nous organisons une traque des connaissances paysannes autour de l’agroéquipement adapté. N’hésitez pas à vendre la mèche sur l’ingéniosité de votre voisin, nous faire connaître un groupe de paysans innovant ou encore à partager vos inventions, vos astuces et vos pistes de réflexion. Le forum Internet, brouillon collectif, est tout désigné pour recevoir vos contributions. Ces initiatives peuvent donner lieu à des tournées de recensement de nos techniciens sur les fermes qui récupèreront des contenus techniques (photos, vidéos, savoir-faire, témoignages) pour les mettre au pot commun.
Nous nous sommes également organisé pour que nos techniciens accompagnent et appuient des dynamiques collectives, fédérées au sein de groupes de pratiques techniques ou culturales, qui souhaitent trouver du matériel adapté.

Une ingénierie participative

De ces connaissances du terrain et de ces réflexions de groupes, nous pouvons engager une démarche d’ingénierie participative, en aller-retours entre paysans et techniciens, pour aboutir à des plans en 3D d’agroéquipement adapté, en passant par des réunions techniques, la rédaction collective d’un cahier des charges, un chantier de prototypage et des expérimentations.
Nous ne diffusons pas des recettes toutes faites, vous forçant à suivre un chemin bien sillonné, avec interdiction de déborder sur la ligne. Nous vous présentons le maximum d’aspects pratiques des objets, tant dans les possibilités que nous avons explorées et inexplorées, que dans les limites déjà rencontrées. Nous nous efforçons de livrer toute une méthodologie sur les outils.

DIFFUSER DES BIENS COMMUNS POUR L’AB

Ces savoirs paysans issus d’une Recherche et Développement participative sont publiés « en libre », sous forme d’articles fouillés ou de tutoriels de construction, sur notre site Internet ou dans notre Guide de l’autoconstruction qui compile en 250 pages les plans de 16 outils adaptés au maraîchage biologique. Nous souhaitons constituer une sorte d’Encyclopédie libre et participative, un pot commun dans le lequel chacun peut librement abonder et piocher en ressources adaptées pour l’AB. Nous pensons que les savoirs paysans sont des « biens communs », librement diffusables et modifiables.

Toutes nos publications papiers et numériques sont sous licence libre Creative Commons. Cette licence permet à tout un chacun de s’approprier les plans, de les photocopier, de les diffuser, de les modifier, pourvu que l’utilisateur bricoleur mentionne la paternité des plans (ADABio en ce qui concerne le Guide et l’Atelier Paysan pour tout le reste), qu’il appose enfin la même licence Creative Commons à son objet adapté.

ACCOMPAGNER LA PRATIQUE DE L’AUTOCONSTRUCTION

Nous formons aux pratiques d’autoconstruction car ces dernières permettent de réaliser, en 3 à 5 jours en atelier adéquat, des agroéquipements souvent inexistants, inadaptés ou trop onéreux dans le commerce, tout en divisant par deux ou par trois l’investissement nécessaire. De plus, les agriculteur-trice-s s’autonomisent en se formant au travail des métaux, car un producteur qui sait construire son outil, sait également le réparer et l’adapter.
Les formations à l’autoconstruction mettent aujourd’hui en avant les équipements adaptés au maraîchage biologique et notamment des outils de travail du sol et de gestion de l’enherbement pour la pratique des planches permanentes. Nous intervenons également directement sur la ferme pour des chantiers de conversion du parc matériel au triangle d’attelage.

ÉDUCATEURS POPULAIRES

Nous le voyons, l’Atelier Paysan multiplie les temps collectifs entre paysan-ne-s, de conception d’outil ou de fabrication collective, de temps de réseau. Y participer c’est s’inscrire dans une démarche d’apprentissage, de questionnement de ses pratiques, de tâtonnements empiriques, d’entraide et de partage d’expériences.
L’Atelier Paysan est issue de l’action collective des paysans et ces derniers ont souhaité l’organiser comme une boite-à-outils pouvant accompagner les démarches d’autonomisation individuelle et collective des agriculteurs et des agricultrices. Nous n’avons toutefois certainement pas vocation à produire un service pour des clients, qui souhaiteraient s’équiper d’un outil réglé, clé en main, et qui auraient l’exigence d’un consommateur.

Les formations à l’autoconstruction que nous vous proposons sont des moments collectifs, d’éducation populaire, où nous essayons de faire monter chacun en compétences et de mettre en lien agriculteur-trice-s novices comme confirmé-e-s. Tout le monde, quel que soit son niveau, participe aux différents travaux de perçage, soudure, découpe... Et si vous repartez avec un outil, il aura nécessairement « la patte » de votre collègue. Les techniciens de l’Atelier Paysan vous garantissant la solidité des pièces et des soudures. Certains éléments ne peuvent être maitrisés totalement : imprévus dû à la météo hivernale, casse de matériel, non-conformité des pièces sous-traitées… Toujours est-il que le premier objectif des formations est de vous transmettre les compétences de travail des métaux, d’organisation de son atelier, de lecture de plans et d’utilisation d’outillage adapté. Vous devez repartir des stages plus autonome, mais pas impérativement avec un outil prêt à l’emploi.

CONNAITRE SON CONTEXTE ET ADAPTER SON OUTIL

De plus, vous ne construisez pas un outil borné, clos et cadenassé, pour lequel vous n’aurez plus de question à vous poser. Il faudra très certainement vous l’approprier, remettre les mains dans la ferraille pour le modifier et l’adapter à votre contexte et à votre terre. Dans le cas des outils de planches permanentes pour le maraîchage, nous proposons des outils de travail du sol à dents qui donnent de bons résultats agronomiques sur le long terme. Toutefois leur utilisation est plus exigeante qu’un outil rotatif et demandent une connaissance très fine de son terrain, du moment adéquat d’intervention.
Cette quête d’une plus grande maitrise des paramètres de son exploitation est à la portée de tous. L’Atelier Paysan fournit un certain nombre de ressources post-formation : des conseils, des articles, des tutoriels, des photos, des vidéos. Nous vous encourageons à solliciter vos collègues autoconstructeur-trice-s et à faire réseau.
L’autoconstruction de matériel adapté est une des portes d’entrée pour se donner les moyens d’aller vers plus d’autonomie et plus de réussite. Elle s’accompagne nécessairement d’un esprit de tâtonnement et de partage !

PAS CLIENT, MAIS USAGER, POURQUOI PAS SOCIÉTAIRE

Pour terminer les présentations, expliquons un peu mieux votre place dans cette aventure collective. Si vous venez en client, aux formations, aux commandes groupées, vous allez rater pas mal de la richesse de l’Atelier Paysan. N’oubliez pas que cette SCIC est une ardoise dont le menu s’écrit collectivement. Et pour ce faire, vous avez la possibilité de vous impliquer de manière informelle : en ouvrant les portes de votre ferme pour une journée de démonstrations, en vous faisant localement le porte-parole de l’autoconstruction, en nous aidant sur des salons, en collaborant au forum Internet... Il y a mille façon de faire avancer cette cause commune.
Bienvenu également à ceux qui veulent prendre des parts et participer aux AG, au Comité d’Appui et d’Orientation qui se réunit chaque mois pour tracer les grandes orientations de la coopérative. Bref, vous pouvez intégrer la gouvernance de la SCIC, en prenant individuellement des parts ou en adhérant à une structure sociétaire de l’Atelier Paysan : peut être votre GAB, peut être une association locale de soutien à l’autoconstruction que vous auriez monté.