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[Réseau CIVAM] « Face à la crise laitière, le changement de système plus rentable que l’agrandissement »

jeudi 5 octobre 2017
[Réseau CIVAM] « Face à la crise laitière, le changement de système plus rentable que l’agrandissement »

Il s’agit là du mot d’ordre de la dernière étude du réseau CIVAM, qui montre sans appel la plus grande viabilité de fermes d’élevage en système herbager, économe et autonome, sur leurs homologues en conventionnel. Chiffres à l’appui, voici de quoi creuser cette étude menée par des groupes d’agriculteurs mobilisés.

Une étude portée par un collectif de paysan-ne-s :

Le réseau CIVAM est membre du Pôle InPACT, plate-forme associative promouvant une agriculture plus durable et proposant des alternatives concrètes aux agriculteurs sur leur exploitation. Il est principalement composé de groupes d’agriculteurs et de ruraux qui, par le test de nouvelles pratiques, la mise en place d’initiatives collectives, la réalisation d’études, l’information, travaillent à l’amélioration des territoires ruraux.

Issu de la fusion de l’Association de formation et d’information pour le développement d’initiatives rurales (Afip), de la Fédération Nationale des Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural (FNCIVAM) et du Réseau Agriculture Durable (RAD), le réseau CIVAM porte l’Observatoire technico-économique qui produit des analyses comparées entre des systèmes herbagers bovin lait (fermes du Réseau Agriculture Durable), économes et autonomes, et des exploitations laitières du Réseau d’Information Comptable Agricole (RICA), héritières d’un système conventionnel.
Le RICA est une enquête annuelle européenne, qui relève les revenus d’un échantillon d’exploitations agricoles et analyse l’impact des politiques agricoles européennes.

Comparaison entre système herbager « économe-autonome » et système conventionnel :


> Cliquez ici pour accéder à l’étude complète <

L’objectif de cet Observatoire est de montrer l’intérêt que portent les exploitations herbagères sur le plan de l’économie et de l’autonomie agricole. Il publie des études depuis le début des années 2000.
Dans un contexte de chute du prix du lait, les travaux effectués par l’Observatoire en 2015 montrent que les fermes en système herbager, économes et autonomes, résistent mieux à cette baisse que les fermes du RICA, engagées dans un système agricole conventionnel.

L’étude s’appuie sur différents facteurs, repris ci-dessous et dans l’infographie reproduite plus bas :

  • Création de richesses : La valeur ajoutée, qui met en avant la valeur apporté par le travail de l’exploitant et de ses salariés sur la ressource naturelle et les intrants utilisés dans l’exploitation. L’étude montre que cette valeur ajoutée est plus élevée dans les fermes AD que dans les fermes du RICA.
  • Rémunération du travail : Le Réseau CIVAM a créé un nouvel indicateur : le « Résultat Social  », celui-ci permet de mesurer les résultats dégagés par l’activité agricole après déduction de toutes les charges liée à la production et aux outils de production dans la ferme. Ce résultat dégagé sur une ferme permet de stabiliser des emplois ou d’investir dans les outils de productions. Celui-ci « humanise » les chiffres comptables de l’exploitation et permet de (ré)intégrer la dimension humaine dans la viabilité de l’exploitation.

D’autres facteurs tout aussi parlants sont illustrés dans l’infographie animée du réseau CIVAM (dont vous trouverez une version en image, dans la suite de l’article) comme la dépendance aux aides PAC bien moins importante pour les fermes AD (pour un revenu de 100 euros, 93 euros de subventions pour les fermes AD contre 233 euros de subventions pour les fermes RICA). L’empreinte alimentaire et les impacts environnementaux sont aussi des facteurs qui montrent bien les différentes externalités de ces deux types de fermes.

Voici deux documents de synthèse, qui permettront d’appréhender plus facilement cette étude :

Sans chercher la croissance à tout prix, le système herbager « autonome-économe » est plus valorisant à tous points de vue :

Voici une infographie réalisée par le réseau CIVAM avec WWF, qui permet de saisir rapidement les enjeux de cette étude :

Après avoir pris connaissance de cette étude force est de constater que les fermes laitières en agriculture durable portent un système plus économe et autonome que les fermes laitières conventionnelles. Une des différences notables que fait ressortir cette étude entre ces deux types de ferme : l’investissement. En effet le coût alimentaire, le coût de mécanisation et le coût phytosanitaire sont largement inférieur dans les fermes Agriculture Durable.

Une précision importante : à savoir que le système herbager « autonome-économe » présenté dans cette infographie ne comptabilise pas l’étude des fermes labellisées en Agriculture Biologique. Pour se rendre compte de l’ampleur de la différence en bio, vous pouvez consulter l’étude complète et apprécier des chiffres encore plus parlants.

Pour compléter sur ce sujet vous pouvez visionner la conférence de Denis Gaboriau, qui fait une comparaison entre ces deux types de fermes lors des Rencontres de l’Atelier Paysan 2017 :

Denis Gaboriau : Une comparaison entre 2 systèmes, "intensif-conventionnel" / "autonome-économe"