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Le point sur l’architecture (deuxième partie)

mardi 5 juillet 2016
Le point sur l’architecture (deuxième partie)

Deuxième partie de notre debrief sur les dynamiques actuelles autour de l’architecture paysanne. Après le poulailler mobile et le projet bâti 20, voici le récit de la cabane à cochons mobile, des serres mobiles, de l’expo architecture ou encore du cycle de formation conception + réalisation d’un poulailler de 65m²...

Voici le suite d’un premier article de juin sur le volet architecture de l’Atelier Paysan.

[Cabane à cochons]

La cabane à cochons est un outil agronomique adapté aux éleveurs qui désirent faire pâturer leur bande de cochons dans différents parcours. Des expériences ont été faites sur ce principe d’élevage porcin en plein air.

Dans les grandes lignes, le fonctionnement agronomique de cette cabane se calibre sur une rotation de trois à quatre déplacements par an :

  • Sur les résidus de culture maraîchère (par exemple), au début printemps : cette pâture permet également de préparer le sol à recevoir les nouvelles cultures de l’année. Les cochons retournent la terre et mangent les dernières racines.
  • Sur une pâture de plein air pendant la saison.
  • Sur des zones forestières et boisées à l’automne. Pendant la saison d’automne, les bois et forêt donnent le maximum de leur fruits (châtaignes, noix, noisette, fruits sauvages, glands...) ce qui permet aux cochons de trouver leur propre alimentation naturelle.

Ce concept agronomique dépend évidemment des zones de pâture potentielle de chaque ferme. La cabane est dimensionnée pour accueillir 8 à 10 porcs d’engraissement ou une truie et sa progéniture. Point de vue technique et ergonomie, cette cabane à cochons a été conçue avec l’inspiration de celle de Robin Simon (en bourgogne : l’article sera posté sur le forum de l’atelier paysan). Le gros avantage de cette cabane est de pouvoir déplacer l’abri en même temps que les porcs à l’intérieur. Le dimensionnement de la structure en acier a été calibrée pour ce compromis : entre légèreté, qui avec un attelage par triangle permet le déplacement par tracteur, et solidité pour répondre aux contraintes de l’élevage de cochons.

> Télécharger les premiers plans du prototype de cabane à cochons

La structure possède ainsi plusieurs composants :

  • Une aération entre chevrons et aération par le bardage ajouré (par rétractation des bois frais de sciage) sur la toiture. Les cochons craignant plus le chaud que le froid, l’aération de la cabane est faite de manière à créer le moins de courant d’air possible sur les animaux, tout en ayant une circulation d’air suffisante pour éviter les surchauffes.
  • Une hauteur sous toiture de 1m80 en grande hauteur. Ce choix permet à l’éleveur de rentrer dans la cabane de la manière la plus ergonomique possible. En effet, l’éleveur doit pénétrer dans l’abri, ne serait-ce que pour nettoyer le paillage.
  • Des portes « pont levis ». Les portes de la cabane sont à la fois un système de fermeture (lors du transport par exemple) et un système pour que les porcs puissent grimper dans leur abri. Les portes sont placées sur le côté de l’attelage triangle pour situer la surcharge des ouvertures sur la face attelée. D’autre part, les portes étant placée du côté du tracteur, cela permet de caler la cabane dos à un mur ou une clôture.
  • Un plancher ajouré. Les cochons sont, contrairement à tout apriori, des animaux propres. La cabane n’est pas faite pour être nettoyée des excréments des animaux, mais le plancher ajouré permet d’anticiper les accidents d’urines...
  • Des pieds ajustables. La problématique récurrente des bâtiments déplaçables reste le dénivelé. De manière à rendre cette cabane la plus adaptable possible, des pieds ajustables se coulissent dans les poteaux structurels. Cette solution technique permet un battement de 40cm de dévers sur la largeur (2m).

Un premier prototype a été réalisé collectivement pendant les rencontres 2016 de l’Atelier Paysan pour le Domaine St-Laurent. Nous attendons donc des retours sur son usage pour pouvoir améliorer et ajuster le modèle.

Sur le Forum

[Serre mobile !]

La première expérimentation sur la thématique de la serre mobile a eu lieu ! Sur la ferme de Ubaldo, une serre existante de 15x7m était là pour être modifiée. Une quinzaine de personnes se sont mobilisées pour rendre ce tunnel mobile... Et le chantier fût une grande réussite !

> Pour plus de précisions, nous vous invitons à lire les fiches techniques disponibles sur le Forum de l’autoconstruction.

[Exposition architecture]

Lors des rencontres 2016 de l’Atelier Paysan au Domaine St-Laurent en Bourgogne, vous avez sans doute aperçu dans le coin d’une salle des palabres quelques personnes se tenant les hanches d’un air curieux, devant les panneaux d’une exposition de dessins format A3. En vous approchant, vous vous êtes rendu compte que ces illustrations nous racontent quelques histoires d’autoconstruction de bâtiments paysans de nos jours. Cette exposition a été imaginée pour mettre en valeur les recherches menées sur l’architecture paysanne libre depuis 2015, pour témoigner de la diversité des installations paysannes autoconstruites, et pour mettre au grand jour l’ingéniosité et les prouesses que les autoconstructeurs paysans déploient dans au quatre coin de la France.

Cette exposition essaie d’expliquer l’autoconstruction paysanne, ses avantages considérables comme les difficultés qu’elle engendre, la démarche de celles et ceux qui construisent tout dans l’idée d’une plus grande indépendance, le cheminement de celles et ceux qui vont faire les choses par petits bouts, avec parcimonie et intelligence, la démarche empirique des bricoleurs de trois bouts de ficelles qui savent faire le plus avec le moins et bâtir avec les moyens du bords...

Vous voulez exposer ces panneaux ? Contactez Jonas Miara / 07 84 38 07 41

[Cycle de formation architecture (conception + réalisation) en Bourgogne]

Du 8 au 10 juin et du 27 juin au 1er juillet ont eu lieu les deux premières formations à l’autoconstruction et l’autoconception de bâtiment agricole. Récit :

Cela fait maintenant plus d’un an et demi que l’Atelier Paysan s’est lancé pied au plancher dans la thématique de l’architecture paysanne libre. Un an et demi de recherche, d’état de l’art, de rencontres, de partenariats... aujourd’hui, les premières graines ont germé en Côte d’Or.

Le premier cycle de formation sur la conception et la construction de bâtiment agricole a eu lieu au mois de juin dernier, ceci à l’initiative d’une porteuse de projet s’installant en poule pondeuse. Sur ses terres, le poulailler devait être construit avant que les premières poules n’arrivent et, nouvelle dans le milieu paysan et dans le domaine de l’autoconstruction, nous avons convenu de faire un bout de chemin ensemble sous forme d’un accompagnement de projet collectif, largement diffusé par la suite, en libre comme toujours.

Calibré et spécifique à ce contexte précis, voici comment s’est passé l’accompagnement à l’autoconstruction. C’est la première fois que nous testions l’idée d’accompagner de la conception à la réalisation le projet de bâtiment d’agriculteurs en cours d’installation, avec l’objectif que ce projet individuel soit le support de moments pédagogiques et collectifs intenses. Phase de conception et de réalisation ont été conçu comme deux temps de formation pour prendre la forme d’un cycle complet sur la transmission des savoirs de conception et d’autoconstruction d’architecture agricole.

(1) La première formation qui s’intitule « initiation à la conception de bâtiment agricole » a permis aux 7 stagiaires de se sensibiliser aux notions clefs de la conception architecturale, à savoir : la circulation, l’évolution de la ferme, l’orientation et l’ensoleillement, l’insertion dans le paysage, la réglementation, les contraintes d’usage, les contraintes techniques, la modularité des bâtiments, la marche en avant, l’ambiance... Toute la pédagogie de la formation a été construite pour donner le plus d’indépendance aux stagiaires dans la conception de leur propre projet de construction. Des séances de travail individuel et accompagné ont ponctué le débit ininterrompu de connaissances transmises chaque jour.

Un accompagnant à l’autoconstruction (Emmanuel Deragne) est venu nous témoigner de son expérience personnelle sur la construction en ossature bois et sur les constructions collectives qu’il a encadré. Bien des notions techniques ont été mises en lumière lors de cet échange. Puis, nous avons clôturé ces trois jours riches et conviviaux par la visite d’une ferme de la région, où tout a été autoconstruit, du poulailler à la serre à plants, en passant par l’habitation.

(2) A la suite de cette première formation, nous avons organisé une « formation avancée à l’autoconstruction de bâtiment agricole ossature bois ». Cette deuxième phase du cycle de formation sur l’architecture paysanne a été la séance de mise en pratique, en atelier et sur chantier. Pendant 5 jours, un charpentier expert dans l’accompagnement de groupe (Manou Clair, Scop Assobois) est venu nous livrer toutes ses connaissances sur la construction bois, en prenant comme exercice pratique la construction du poulailler de 65m² de la porteuse de projet. Les moments pédagogiques collectifs étaient très riches, pause méthodo arrêtant le chantier momentanément, figeant les regards sur un détail constructif spécifique. Tous ces trucs et astuces que l’on ne trouve ni dans les livres ni dans les tutoriels youtube ont été mis en scène par la gestuelle démonstrative du charpentier.
Quand d’autres explications étaient tout simplement griffonnées sur le coin d’une poutre, mais toutes ces méthodes pédagogiques ont permis d’expliquer à chacun comment un bâtiment tient debout, ne s’envole pas, où circulent les forces dans les poutres et poteaux, et plus encore. Avec grande satisfaction, nous sommes arrivés à expliciter toutes les étapes de la construction du poulailler : construction des panneaux ossature bois, épure, préfabrication des fermes, découpe des chevrons porteur, faîtière aérée, pose des murs, contreventement, jambe de force, équerrage, pose de la charpente, pare pluie, litelage, contre litelage, pose des tuiles, pose d’une fenêtre, pose du bardage, zinguerie, chenaux... etc.

Aujourd’hui, 14 personnes se sont formés à la conception de bâtiment agricole et à la construction en ossature bois, et le poulailler de 65 m² est sorti de terre, reste à finir le second œuvre et à faire rentrer les 220 poules dans un premier temps dans leur cathédrale de bois !

Plus de photos de la formation réalisation du poulailler :

Formation poulailler Mâlain (21)

[Formation à venir]

> Initiation à la conception architecturale de bâtiment agricole, une formation organisée avec Les Champs des Possibles, les 20, 21 et 22 juillet 2016, à la Ferme de Toussac (91).